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Ardèle ou La marguerite / La Valse des toréadors Details
"Mais Ardèle est une infirme ! Elle est âgée - enfin, je veux dire, elle n'a plus l'âge de - d'ailleurs, l'âge n'y fait rien. Mais dans sa situation, avec son état de santé... Enfin jamais, quand elle avait vingt ans, Ardèle n'a songé qu'elle pourrait se marier. Elle savait bien que personne...".
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Voici deux pièces tout à fait représentatives de l'oeuvre de Jean Anouilh, dans le droit fil de ses thèmes de prédilection habituels, à mi-chemin entre ironie et désillusion.Classée dans la catégorie des ses "pièces grinçantes", elles ont toutes deux en commun de mettre en scène des personnages aux comportements caractéristiques.La première, "Ardèle ou la Marguerite", présente une série de personnages de milieu bourgeois dont l'auteur nous révèle les petites et grandes trahisons, les comportements misérables qui les guide et la mauvaise foi qui est la leur, ainsi que le poids des conventions, qui les mène à vouloir priver Ardèle, femme bossue ayant atteint la quarantaine, de l'Amour (le vrai), qu'elle n'a pourtant jamais eu le plaisir de connaître jusque-là.Eux-mêmes engoncés dans des situations assez pitoyables où tromperies et aigreur face à l'amour, le poids des années et les déceptions qu'il leur a procuré, ne pensent qu'aux apparences et ne se soucient à aucun moment du bonheur que peut éprouver Ardèle.Cette amertume passe par des propos tels que : "Il y a très peu d'amour dans le monde, c'est pour cela qu'il roule encore à peu près", ou encore "L'amour vous a comblé, un soir ou dix ans, maintenant il vous faut payer la note. L'amour se paie à tempérament, mais on est généreux, on vous donne le temps pour régler. Quelquefois toute la vie".Ne feront exception que le personnage du comte et du jeune Nicolas qui, pour des raisons qui leur sont propres, osent dire des vérités et conjurent Ardèle d'aimer, sans se soucier des convenances ou apparences, du soi-disant scandale.Et, comme toujours dans les pièces d'Anouilh, la présence des enfants, au coeur encore pur, mais qui pressentent déjà l'avenir, n'étant pas totalement dupes du comportement des adultes, tel une malédiction, une tragédie grecque ; un autre thème très fréquent chez l'auteur, où l'histoire semble se répéter de manière quasi-inéluctable.On ne se départit jamais finalement du scénario d'Antigone, où le malheur est annoncé et où l'on pressent qu'il n'y a rien à faire pour aller à l'encontre de la volonté divine ou plus simplement de la nature humaine.La seconde pièce, "La valse des toréadors" est encore plus crue à sa manière et dévoile, à travers notamment le dialogue entre le Général (personnage, d'ailleurs, étrangement commun avec la première pièce, même si les autres personnages ne sont pas tout à fait les mêmes, à l'exception de son épouse) et le Docteur, ce qui ronge les coeurs des hommes et les mène à l'amertume et, dans certains cas, vers des échappatoires peu glorieuses...Lâcheté, manque de courage, force du désir, espoir de l'Amour trouvé, désillusions, tout se mêle dans un rapport détonnant qui entraîne tout sur son passage.Et, là encore, l'Amour, le vrai, fera son apparition subreptice, mais uniquement parce qu'il se trouve contrarié, ne remettant pas véritablement en cause la force de la tragédie et du destin inéluctable des êtres...Situations comiques et procédés ironiques s'enchaînent pour donner vie à ces comédies acerbes, où la nature humaine, une fois de plus, révèle toute sa noirceur et sa petitesse face à un monde relativement absurde et des situations amenées à se reproduire à l'identique, telles une malédiction, celle qui semble réservée à l'humanité.
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